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P.A.G.O.N

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Non classé - 10 mars 2021

Historique

Historique

L’Historique est l’archive du P.A.G.O.N. Il vous permettra de mieux comprendre le contexte et de suivre chapitre après chapitre l’avancée du jeu. Bonne recherche.



La chronologie raconte tous les évènements mondiaux, normaux comme paranormaux, survenus avant le début du jeu. Vous comprendrez à quel point les sociétés humaine et non-humaine ont intéragi à travers l’Histoire.



Les Faits marquants relatent les évènements dignes d’être racontés qui ont eu lieu durant le chapitre de jeu.



Le Tableau des Honneurs fait l’inventaire des joueurs qui se sont le plus démarqués durant le chapitre, par leurs actions extraordinaires ou leur qualité de jeu.



Enfin la Balance des pouvoirs donne un aperçu de l’évolution du rapport de force entre les différentes factions en jeu.

Historique [Genèse]



Chaque faction entretient sa propre genèse. Certaines factions en possèdent même plusieurs. Ces mythes anciens ne s’imposent pas forcément dans le réel, mais apportent plutôt un éclairage symbolique sur les origines difficiles des non-humains et de l’humanité. La version la plus entendue est celle que les Anges et les Démons ont les premiers répandue. Elle est acceptée à peu près par tous. C’est plutôt sur la suite que les choses se corsent…

Dieu créa le monde afin que l’humanité puisse s’y épanouir. A ceux qui montrèrent leur valeur, les portes du Paradis furent ouvertes après la Mort. A ceux qui au contraire se détournèrent de la voie de Dieu, l’Enfer leur fut préparé. Dieu créa ensuite au Paradis les Anges, des créatures immortelles et sages uniquement destinées à accueillir les esprits élus jusqu’à la Fin des Temps. Mais parmi les plus puissants d’entre eux, certains décidèrent de partir du Paradis et venir sur Terre avec l’humble mission de guider les Hommes vers le Bien. Ils étaient persuadés que, laissé seul à son destin, l’Homme ne pourrait trouver son Salut. Ils se sentaient plus utiles auprès des Hommes, plutôt qu’au Paradis. Les Démons affirment au contraire que les Anges vinrent tous sur Terre par désir de domination sur les Hommes. Ils s’ennuyaient au Paradis.

Les sept premiers Anges à venir sur Terre furent, dans l’ordre, Mikâ’él, Satan’él, Gabre’él, Rufâ’él, ‘Urâ’él, Râgu’él et Sury-êl. Parmi eux, seul Mika’el possédait le don d’entendre Dieu. Il était ainsi appelé Séraphin, et tous les autres Anges respectaient sa parole d’interprétation. Les Démons affirment au contraire que Mika’el, ainsi que ceux qui l’ont suivi, n’ont jamais entendu Dieu parce que Dieu ne s’est jamais montré depuis le Début des Jours (certains pensent même qu’il n’a jamais existé !). La prétention des Anges serait en réalité une terrible supercherie entretenue par l’élite angélique ? Quoiqu’il en fusse, dans les premiers temps du monde, alors que l’Humanité était encore peu nombreuse et vivait de nomadisme en Afrique, Mésopotamie et Asie, les Anges se mélangèrent aux Hommes avec harmonie. Ils étaient des sages, des chamans et des guérisseurs. Ils ne révélèrent pas aux Hommes l’existence de Dieu, qui resta leur secret, mais guidèrent ouvertement les tribus humaines vers leur Salut et le Paradis.

Mais parmi eux, trois Anges trahirent leur mission originelle. Satan’el, Ura’el et Sury’el, d’abord involontairement puis avec malice, laissèrent les Hommes les vénérer comme des Dieux, et non les écouter comme des sages. Ils furent bientôt chefs et rois de tribus humaines, sur lesquels ils avaient le droit de vie ou de mort. Tous s’inclinaient devant leur majesté. Lorsque le Séraphin réalisa le Mal qui avait été fait, il les condamna à l’Enfer après la Mort, mais il était déjà trop tard : Satan’el et les siens régnaient en maîtres sur des milliers d’Hommes, utilisant leur magie non pour le bien commun mais pour la domination et le plaisir. Selon eux, c’était même la raison de leur venue sur Terre, et alors que les Anges déguisaient cela en Bien, eux s’affichaient ouvertement.

La mort dans l’âme, le Séraphin Mika’el monta une armée d’Anges et d’Hommes afin de mettre un terme à la trahison de Satan’el. Mais lorsque l’armada arriva à l’endroit où d’après leur source se terraient les traîtres, les assaillants furent surpris de voir devant eux se dresser de puissantes murailles de terre pilée, flanquées de tour, et puissamment défendues. Ainsi était née la première cité de l’Histoire, demeure des premiers traîtres de l’histoire. On appelait la ville Eridu, et ses habitants les Démons. La ville était destinée à devenir le modèle d’organisation sociale pour toute l’Humanité jusqu’à aujourd’hui.

Mika’el et les Anges ne renoncèrent pas pour autant à châtier leurs frères devenus ennemis. Dans leur grande sagesse, ils savaient que le Mal pourrait gagner d’autres tribus humaines et se généraliser à la totalité de l’Humanité. Au final, l’œuvre divine qu’ils déclamaient représenter serait dans son intégralité remise en question. Ainsi fut-il décidé de construire, non loin d’Eridu au nord, une autre cité, rivale de la première, d’où serait organisée la lutte contre les Démons. Ses murailles et ses maisons réfléchissaient de mille feux au soleil. On appelait cette ville Uruk, la cité des Anges. Pour des siècles et des siècles, la guerre entre les sœurs ennemies, Uruk et Eridu, était vouée à déchirer le Monde.

Historique [Âge des Ténèbres]



L’Age des Ténèbres est le début de l’Histoire. On se situe son commencement au 9e millénaire avant JC, c’est à dire officiellement le mésolithique, avec l’invention de l’arc et donc de la guerre prolongée.

C’est aussi le moment où apparaissent trois nouvelles races : vampires, lycans et esprits. Le cas du vampirisme est intéressant, parce que personne n’a jamais pu prouver son origine réelle. Deux théories principales s’affrontent : la première parle d’une terrible épidémie au début du 9ème millénaire qui a tué une bonne partie des Hommes. Certains survivants au virus auraient développé alors les différents symptômes du vampirisme. La deuxième théorie est celle du Déluge et de la punition divine, qui aurait frappé de malédiction des Hommes ayant choisi de suivre les Démons.

Quoiqu’il en soit, personne ne sait quel a été le premier vampire : Seth en Egypte, Lilith en Mésopotamie, Chiang en Chine ? Un autre ? Dans les premiers temps de l’Age des Ténèbres, les vampires sont une race inférieure, rendue esclave, détestée.

L’autre race qui émerge à la même époque est la race lycane. Mi hommes mi bêtes, infestant les campagnes et les déserts, on dit qu’ils sont les descendants d’Hommes qui ont refusé de s’installer en ville. Pour eux, le vampirisme était la punition de la Nature contre ceux qui l’ont bafouée. Ils ne tarderont ainsi pas à s’allier aux Anges pour détruire leurs ennemis communs.

Quant aux Esprits, ils émergent au milieu de l’Age des Ténèbres, coupant littéralement la poire en deux.




Chronologie des Premières ères (avant la Grande Guerre)




1) Uruk et Eridu, la légende des sœurs ennemies (9ème / 8ème millénaires avant JC)

– A l’aube de l’Age des Ténèbres, les cités d’Uruk et d’Eridu se mènent une lutte fratricide pour le contrôle du « berceau de la civilisation ». Le démon Enki, fils aîné de Satan’el, est alors Roi d’Eridu, et l’ange Inanna, fille cadette mais préférée de Mika’el, est Reine d’Uruk. Des armées colossales s’affrontent sous le jeune soleil.

– Après mille ans de combats acharnés, une trêve est finalement proclamée au milieu du 8ème millénaire à la surprise générale. Enki invite son ennemie légendaire à venir festoyer dans son palais d’or d’Eridu en l’honneur de la paix. Il tente plusieurs fois de séduire la magnifique Inanna, sans succès. La nuit passe, et tandis qu’Enki est de plus en plus atteint par l’alcool, Inanna fait semblant de boire. Juste avant que l’aube ne pointe, elle profite du sommeil alcoolisé du démon pour lui subtiliser les clés de la ville. Lorsqu’il se réveille, l’ange est loin et Eridu est attaquée par une prodigieuse armée.

– La Bataille d’Eridu voit la défaite d’Enki et des Démons grâce à la ruse d’Inanna. Les Démons s’enfuient alors et se dispersent. Le Roi Enki et son fils aîné Livyatan emmènent la majorité des démons vers l’ouest, tandis que sa fille Kali part vers l’est. Les Anges deviennent, pour un millénaire, les maîtres de la Mésopotamie.

2) La fondation des grands empires (8ème – 7ème millénaires avant JC)

– Le Démon Enki, chassé de la Mésopotamie après la Bataille d’Eridu, et harcelé par des meutes de Lycans durant sa fuite, arrive finalement dans ce qui deviendra la Palestine. Profitant d’une période de calme qui caractérise alors le monde entier, il fonde la cité de Jéricho, la future capitale légendaire des Démons. Les Hommes le vénèrent alors comme leur Dieu protecteur. Il rédige lui-même sur des tablettes d’argile le Code d’Enki, véritable bible démoniaque en cunéiforme. Il faudra encore trois millénaires pour que l’écriture se répande parmi les Hommes.

– Pendant ce temps, sa fille Kali qui était partie à l’est avec les siens franchit l’Indus et pénètre en Inde. Après des années de voyages, elle s’installe dans la région du Bengale, ou les Hommes de toute l’Asie ne tardent pas à l’aduler comme une Déesse. On dit que tous les démons asiatiques seraient de sa descendance.

– Les Anges ne restent pas non plus inactifs. Inanna se rend au Liban où les rumeurs disent que Lycaon, l’un des premiers et des plus puissants Lycans, a sa tanière. Bien qu’effrayée par l’apparence du loup-garou, elle se lie d’amitié pour lui et scelle la première alliance entre les Anges et les Lycans, facilitée par leur haine partagée pour les Démons et les Vampires. Cette alliance durera de nombreux millénaires.

– Afin de consolider leur pouvoir, les anges décident aussi de voyager vers le sud. Nefer, frère et époux d’Inanna (hé oui…), fils aîné de Mika’el et ainsi un des plus puissants d’entre les siens, veut éclairer les Hommes de ces régions avant qu’ils ne sombrent sous la coupe des Démons. Il entre en Egypte, pays à l’époque encore fertile, et destiné à un grand avenir. Les Hommes, émerveillés par sa beauté et sa puissance, s’inclinent devant lui et lui donnent le nom d’Ousir (les Grecs diront « Osiris »). Au nom d’Inanna (« Isis ») il devient souverain de fait de l’Egypte.

3) La rébellion des Vampires (7ème millénaire avant JC)

– Au début du 7ème millénaire, les Anges et les Démons se partagent une bonne partie du monde. Depuis Jéricho, Enki dirige un empire de plus en plus puissant et est adulé par des millions d’Hommes. Sa fille Kali n’a rien à lui envier : l’Asie est presque entièrement entre ses mains. Inanna et ses armées angéliques occupent la Mésopotamie, l’Arabie et l’Egypte, où la représente Nefer. Les Lycans ne revendiquent aucun territoire et se contentent de combattre leurs ennemis, sans relâche. Quant aux Vampires, pourtant plus nombreux que toutes les autres races, ils n’ont aucun pouvoir. Pourchassés par les Anges et les Lycans, ils se terrent parmi les humains et sont souvent rendus esclaves. Leur nature épidémique leur attire haine et dégout. Paradoxalement, leur faiblesse sera, des millénaires plus tard, leur force : ils seront les plus infiltrés dans la société humaine.

– Les Vampires vont pourtant réclamer leur place au milieu du 7ème millénaire. La Vampire Lilith, née esclave des Anges, réunit autour d’elle une armée de fuyards et fait de Babylone, une cité jusque là sans importance en Mésopotamie, une puissante cité. Touchée dans son orgueil, Inanna amène alors son armée devant les murailles de Babylone. Mais pensant la victoire assurée, elle ne vient pas en personne combattre. L’erreur sera fatale. Les Vampires, plus nombreux, mettent pour la première fois de l’Histoire les Anges en déroute. Dès lors, ils seront pris au sérieux par toutes les autres races. A mesure que des milliers de vampires rejoignent la charismatique et suave Lilith, Babylone étend son empire en plein milieu du territoire angélique. A la fin du 7ème millénaire, le royaume de Lilith est très étendu et Babylone dépasse Uruk en influence.

– En Egypte, un autre Vampire fait parler de lui. Seth, né dans le désert aux confins du Nil, affirme être le premier de sa race. Il revendique bientôt le pouvoir sur le pays que les Anges, les « peaux claires », ont selon lui usurpé. Il monte une flotte gigantesque et entreprend de descendre le cours du Nil, qu’il connait par cœur. Nefer/Osiris, fier et puissant, s’avance face à lui. Malgré sa puissance, son armée est réduite en miettes par celle de Seth largement plus nombreuse. Un duel épique entre Nefer et Seth se tient place sur l’île de Yebou, qui voit la mort de l’Ange. En signe de triomphe, Seth fait découper le corps défunt de son ennemi vaincu en quatorze morceaux et les disperse dans tout le pays. A la fin du 7ème millénaire, la moitié de l’Egypte est tombée sous la coupe de Seth et des Vampires. Sous l’action combinée de Lilith et Seth, l’empire des Anges a été entamé de moitié. On considère la mort de Nefer comme le déclencheur symbolique de la Grande Guerre qui durera jusqu’à la fin de l’Âge des Ténèbres.





Chronologie de la Grande Guerre




1) La première phase (7e millénaire avant JC)

– La mort de Nefer jette le trouble de la vengeance dans le cœur des Anges, et surtout de sa sœur et épouse, Inanna, Séraphine des Anges. Elle pleure durant de nombreuses années la perte du père de son fils Nekhen, devenu lui aussi un Ange très puissant. Ce dernier se jure de tuer Seth et de reprendre l’Egypte. Avec l’autorisation de sa mère, il monte une armée de plusieurs milliers d’Anges et d’Hommes de Mésopotamie et d’Arabie. Quand il arrive en Basse Egypte, il est accueilli en héros et baptisé Horus, le « vengeur de son père ». De nombreux Egyptiens rejoignent les rangs de son armée d’invasion, le vénérant comme le Dieu-Roi de l’Egypte.

– Mais Seth et les Vampires ne sont pas sans connaître l’arrivée de Nekhen. Au lieu d’aller au devant d’une défaite assurée, Seth se retranche sur l’île de Yebou en Haute-Egypte, l’endroit même où Nefer/Osiris a perdu la vie. Les Vampires construisent une forteresse imprenable d’où ils sont sûrs de pouvoirs refouler l’ennemi avec leurs sorts de sang.

– L’Ange Nekhen arrive quelques années plus tard et entame le siège de la forteresse. Il sait que les vampires ne peuvent pas combattre pendant la journée, mais ne néglige pas pour autant les milliers d’Hommes qui les accompagnent. Rusé, il décide d’affamer les vampires en catapultant des cadavres d’hommes malades au dessus des remparts. Au bout de trois ans, la plupart de la garnison humaine de la cité est décimée, et les Vampires ne peuvent plus se nourrir. C’est à ce moment là que Nekhen lance le terrible assaut qui mène très vite à une défaite certaine pour les Vampires. Lorsque les Anges volent au dessus des murailles et pénètrent enfin dans la salle principale de la forteresse, ils trouvent Seth accompagné des quelques rares humains survivants, transformés en garde manger de secours. Nekhen engage un duel contre le tueur de son père, mais très vite le Vampire réussit à s’enfuir en sautant dans le Nil.

– La Bataille de Yebou marque un premier tournant dans la Grande Guerre. Tout d’abord les Vampires sont refoulés dans le désert et doivent attendre longtemps avant de pouvoir contre attaquer. Et ensuite, Nekhen/Horus est devenu le maître de la plus grande partie de l’Egypte et s’est affirmé comme son souverain légitime. Inanna l’autorise à porter le titre de Roi d’Egypte, en son nom, succédant ainsi à son père Nefer.

– Mais Inanna a elle-même beaucoup à faire chez elle, en Mésopotamie. Plus que jamais animée par la haine des Vampires, elle s’est lancée dans une guerre contre Babylone pour reconquérir tout son ancien territoire et mettre un terme au règne maléfique de Lilith. Elle peut compter sur l’aide des Lycans, qui ont juré de l’aider dans cette tâche. Elle commence le siège de Babylone au moment où elle reçoit les bonnes nouvelles d’Egypte. Face à elle, Lilith est à l’apogée de sa force, soutenue par des milliers de vampires et surtout une population humaine de près d’un million d’habitants, soit la plus importante du monde. La stratégie mise en place par Nekhen en Egypte ne peut pas fonctionner ici.

– En vérité, le siège de Babylone va durer près de deux millénaires, de manière discontinue. Incapable de briser la défense de Lilith, et bien que participant cette fois elle-même au combat, la grande Inanna ne parvient pas à défaire les Vampires. A chaque fois elle semble de plus en plus proche de réussir, puis à chaque fois doit reculer pour revenir au point de départ. Des milliers d’Anges et de Lycans sont engagés dans cette lutte à mort, en vain. Babylone symbolise à elle seule la guerre sans pitié que se livreront Anges, Lycans et Vampires durant toute la Grande Guerre.

– Pendant ce temps, les Démons restent étrangement absents et muets face au conflit. Durant la première partie de la Grande Guerre, le roi Enki décide volontairement de ne pas agir et d’augmenter ses forces et son aura en vue de la bataille qui ne tardera pas à venir. Si d’un coté, c’est une réussite, les Démons étendent ainsi leur influence sur le Nord et notamment les populations encore primitives en Europe ; de l’autre, c’est aussi la raison pour laquelle les Démons seront bien esseulés à la fin de l’Age des Ténèbres contre les Anges. Si Enki avait décidé de porter assistance à Seth et/ou Lilith, les choses auraient sûrement tournés autrement.

– Quant aux démons d’Asie, menés par sa fille Kali, ils adoptent la même stratégie. Bien loin des tracas de la Mésopotamie et encore plus de ceux d’Egypte, ils étendent leur influence sur un continent presque vierge de toute présence angélique… pour le moment.

2) L’arrivée des Esprits et l’intermède à la Grande Guerre (fin 6ème millénaire avant JC)

– Au 6ème millénaire, toutes les cités et royaumes humains sont sous le joug ou la protection des « Faux-Dieux ». Les rares humains indépendants sont des nomades, marchands ou mercenaires. Pourtant, à la fin du 6ème millénaire, sept royaumes réussissent peu à peu à s’affranchir de la tutelle des Non-Humains, profitant de l’enlisement de la Grande Guerre qui détourne leur attention.

– Les Rois en question sont au nombre de Sept : deux rois en Mésopotamie (Ur et Nippur), deux en Palestine (Ashdod et Ashkelon), un en Basse-Egypte (Bouto), un en Arabie (Minae), et un d’un territoire qu’on appellerait aujourd’hui la Géorgie, dans le Caucase, bien que les habitants à cette époque étaient sémites tout comme les Mésopotamiens.

– Les Sept Rois se font connaître pour leur détermination à rester indépendants. Les émissaires Non-Humains qui leur sont envoyés ne réussissent pas à les soumettre. La rumeur de leur charisme et de leur puissance se répand dans le monde entier, et des humains soucieux de leur liberté les rejoignent.

– Mais cette indépendance a un effet pervers : fiers et puissants, ils refusent toute alliance entre eux. Souvent, ils se font même la guerre. Leur incapacité à créer un front commun contre les Non-Humains va signer leur perte.

– Enki, le Roi des Démons, voit d’un mauvais œil la croissance incroyable des sept royaumes renégats et notamment des deux qui jalonnent son territoire : Ashdod et Ashkelon. Il confie ainsi à son fils Livyatan la mission de mettre un terme à cette « rébellion ».

– Livyatan, fin stratège et manipulateur, décide d’utiliser l’orgueil des Sept Rois à son avantage. Durant de nombreuses années, il envoie des humains acquis à sa cause (des familiers) infiltrer les sept royaumes, afin de semer la zizanie.

– Sur son ordre, les familiers répandent des rumeurs de guerre et d’attaque afin que les Sept Rois, leurrés, se retournent les uns contre les autres. Ils leur indiquent à tous l’endroit qui serait soi disant le plus propice à une embuscade. Au jour indiqué, les Sept Rois se retrouvent audit endroit, trahis par ceux qu’ils pensaient leurs conseillers. Une prodigieuse bataille fratricide s’engage alors pendant plusieurs jours et plusieurs nuits entre les sept armées. Les Sept indomptables rois finissent par se retrouver face à face dans un terrible et ultime duel. Lorsque le dernier d’entre eux s’écroule, mort, Livyatan qui observait la bataille du haut d’une dune déchaine son armée afin de massacrer les survivants. Cet affrontement est appelé la Bataille de la Honte.

– Tout serait rentré dans l’ordre et cet incident aurait vite été oublié sans l’intervention du destin. Un an jour pour jour après la Bataille de la Honte, et sur les cendres maintenant recouvertes du champ de bataille, les Sept Rois reparaissent avec leurs armées. Désincarnés, fantômes pâles dans la nuit, un terrible rictus vengeur au coin des lèvres, ils sont les premiers Esprits à être revenus d’entre les morts. On dit que leur esprit était trop fier, trop fort et trop marqué par la vengeance pour s’écouler comme les autres sur le fleuve de l’au-delà.

– L’Armée des Ténèbres, c’est ainsi qu’on l’appelle, s’abat implacablement sur le Monde. Partout où elle passe, l’armée des fantômes jette l’effroi et la mort. Au son de cris de vengeance et de haine, ils tuent sans distinction tout ce qu’ils croisent. Ils sont craints et détestés par tous, humains comme non-humains. Très vite, leur existence est connue partout et on réalise la menace qu’elle apporte. La réponse s’organise.

– La Séraphine Inanna décide ainsi après mûre réflexion de lever le siège de Babylone. Elle envoie des émissaires à Lilith pour lui demander une trêve exceptionnelle. C’est le début de l’intermède à la Grande Guerre. Elle rassemble son armée d’Anges, de Lycans et d’Hommes et se jurent de renvoyer les Esprits vers le repos éternel. Pour la première (et la seule !!!) fois de l’Histoire, les Vampires et même les Démons vont la rejoindre dans une improbable Coalition, justifiée par les événements. On garde en mémoire la poignée de main légendaire entre Lilith et Inanna.

– Au crépuscule du 6e millénaire, l’Armée menée par Inanna rencontre l’Armée des Ténèbres quelque part au Sinaï. On estime que 200 000 Non-Humains se livrent bataille ce jour-là, soit la moitié de la population non-humaine à cette époque, nombre prodigieux. Il faudra attendre la bataille de Gaugamèles au 4ème siècle avant JC pour retrouver un nombre comparable de combattants. Il est dur d’imaginer ce que cela a pu représenter comme concentration de magie et de force. Les légendes disent que le sol en trembla et que les montagnes proches s’écroulèrent.

– La Bataille du Sinaï est une victoire pour la coalition d’Inanna et une défaite pour les Esprits. Les Sept Rois et leurs armées sont renvoyées, pour la deuxième fois, dans l’Entre-Monde où ils resteront durant très longtemps, jusqu’au Sommet des Dieux. On dit que c’est durant cette période qu’ils ont appris et amélioré la technique de « l’intrusion » qui leur permettra de revenir sur Terre incognito. On ne les reverra plus, ou de manière anecdotique, sous la forme horrifique de l’Armée des Tenèbres.

– La victoire de la Coalition signe aussi sa dissolution. Au lendemain de la bataille, les vieilles rancœurs reviennent au galop et la Grande Guerre reprend de plus belle. Le siège est remis devant Babylone, et l’Egypte s’embrase bientôt de nouveau… inaugurant la deuxième et dernière phase de la Grande Guerre.

3) La reprise de la Grande Guerre et la Chute de Babylone (début Ve millénaire avant JC)

– Pour comprendre le déroulement de cette dernière phase de la guerre légendaire, il faut savoir que la campagne contre l’Armée des Ténèbres a laissé exsangues de nombreuses factions. Parmi elles, l’armée de Lilith a essuyé les plus terribles pertes. Lorsqu’elle retourne se terrer à Babylone, elle se sent diminuée.

– La Grande Inanna ne tarde pas à remettre le siège devant Babylone. Les légendes disent que de nouveaux Anges sont alors venus du Paradis lui prêter assistance, mais cela n’a jamais pu être prouvé. Quoiqu’il en soit, c’est une prodigieuse troupe d’hommes, lycans et anges qui l’accompagnent.

– Parmi eux, un humain va marquer l’Histoire. Roi d’Uruk en l’absence d’Inanna, les légendes disent de lui qu’il a vécu plus d’un siècle et demi et que même les Non-Humains le craignaient. Son nom, Gilgamesh, va traverser les âges.

– Cette fois, Inanna décide d’user de subterfuges. Elle sait qu’une attaque massive contre les remparts ne pourra réussir. Elle charge alors son fidèle Gilgamesh d’une mission périlleuse : emmener avec lui une unique compagnie, escalader au petit jour les remparts et ouvrir la Grande Porte avant que l’alarme ne soit donnée. Sans sourciller, le héros sumérien s’exécute. Porté par des Anges, il gagne une des tours de garde, tue en silence ses occupants, et se glisse jusqu’à la Porte. Là, lui et quelques lycans, à la force de leurs seuls bras, actionnent le mécanisme d’ouverture. Lorsque les Vampires réalisent le stratagème, l’Armée d’Inanna s’engouffre déjà à l’intérieur.

– La Bataille de Babylone s’engage alors dans les rues de la cité. C’est une des batailles les plus sanglantes et terribles de l’Age des Ténèbres. En première ligne, Gilgamesh avance tant bien que mal jusqu’au Palais de Lilith, devant lequel se dresse l’Arbre Rouge, symbole de la cité. Il se taille sa réputation de guerrier invincible.

– Les légendes divergent alors. Certaines disent qu’Inanna a tué Lilith, d’autres parlent de Gilgamesh. Quoiqu’il en soit, Lilith est finalement terrassée dans son Palais envahi, après deux millénaires de siège et de résistance. On dit que la totalité de son harem s’est suicidé, dévasté par la nouvelle de sa mort. Gilgamesh, saisissant une hache, aurait à lui seul coupé l’Arbre Rouge, en signe de victoire.

– Inanna décide d’incendier toute la ville pour purifier les lieux de la souillure : de nombreux vampires succombent, mais surtout la grande partie de la population humaine. Cet acte a été remis en question, beaucoup critiquant les Anges pour leur fermeté et leur manque de compassion.

– La Bataille de Babylone va profondément marquer l’Histoire : Gilgamesh a inspiré de nombreux mythes, dont le sien et celui d’Heracles ; le mythe de la chute de Babylone et de sa purification se retrouvent jusque dans la Bible ; de même que Lilith et l’Arbre ont façonné la symbolique judéo-chrétienne.

4) L’éveil de l’Oracle et la fin de Seth (milieu Ve millénaire avant JC)

– Alors même que Lilith est sur le point de succomber en Mésopotamie, la guerre reprend également de plus belle en Egypte entre le Vampire Seth et l’Ange Nekhen/Horus. Ce dernier a installé sa cour sur l’île de Yebou, devenu un lieu sacré depuis que son père y a été tué. Depuis Yebou il règne sur l’ensemble de l’Egypte et n’est contesté que par l’ambition de Seth, caché dans le désert avec son armée.

– Habité par la conquête du pouvoir, le vampire a passé des siècles à se redresser et à agrandir son armée de mercenaires lyciens et nubiens. Il peut compter sur l’aide et l’amour de Khelia, son infante et son épouse. De nombreux vampires le rejoignent aussi près la défaite de Lilith et le reconnaissent comme le chef incontesté de leur race.

– Mais Horus dispose d’une arme dont personne ne soupçonne encore l’existence. A Yebou, parmi ses esclaves, un Homme (ou une Femme ?) possède le don de prédiction. On l’appelle l’Oracle. Depuis qu’il l’a découvert, l’Ange n’a cessé de protéger jalousement ce secret qui, il le sait, peut lui faire gagner définitivement la guerre.

– Lorsque Seth décide enfin de mettre sa terrible armée en mouvement, depuis les déserts brûlants de Lybie, l’Oracle avertit Horus du danger. Sans hésiter, le Dieu-Roi de l’Egypte rassemble ses troupes et va à l’encontre de son ennemi juré. Le contournant par le sud, il le prend d’assaut alors que le vampire et son armée bivouaquent à la frontière. Les premières minutes du combat ne laissent présager aucune chance pour les vampires.

– Mais Seth n’est pas encore défait. Passée la surprise, il envoie ses mercenaires en première ligne se faire tuer, le temps pour lui de se ressaisir et de préparer une contre-attaque. Confiant à Khelia le commandement de l’arrière garde, il prend la tête du plus gros de l’armée et se lance dans la bataille. Son objectif est de tuer Horus afin de jeter le trouble dans le cœur des Anges et renverser le cour de la bataille. Grâce à sa magie du sang, il trace une ligne de mort dans les rangs ennemis, qui s’écartent sur son chemin. Mais son jugement du nombre des ennemies est approximatif. Très vite, il est encerclé par l’ennemi et sa garde est décimée. Horus, qui ne compte pas le laisser s’enfuir une deuxième fois, se jette corps et âme contre lui.

– On dit que tous, Vampires comme Anges, se sont écartés pour laisser les deux ennemis se livrer un duel à mort. Seth est vieux et puissant, mais la volonté d’Horus de tuer l’assassin de son père est la plus forte. Après un interminable combat, Seth s’écroule, mort. Les Vampires, apeurés, s’enfuient. Khelia, qui formait l’arrière garde, les rallie et bat en retraite dans le désert de Lybie.

– Grâce à l’éveil de l’Oracle, Horus remporte ici une bataille cruciale. Plus jamais les Vampires ne réclameront le pouvoir sur l’Egypte, et le mythe d’Horus, sauveur et roi du peuple égyptien, traversera les âges.

5) La bataille du Bengale (milieu du Ve millénaire avant JC)

– Au milieu du Ve millénaire avant JC, les Anges et leurs alliés Lycans sont maîtres de la plus grande part du monde connu. Les Démons d’Enki, Livyatan et Kali, que la stratégie de non intervention a écarté du conflit, sont bien esseulés pour la bataille finale qui s’annonce. Khélia et les Vampires se terrent dans le désert africain.

– C’est dans ce contexte qu’Inanna, la légendaire Séraphine, décide de porter le premier coup. Elle décide d’envoyer son cousin, Hari, que les mythes disent être le fils de Rafa’el, au-delà de l’Indus dans ce pays qu’on appelle aujourd’hui l’Inde. Sa mission est simple : terrasser la démone Kali afin d’isoler encore d’avantage son père Enki de tout allié.

– Quand Hari s’installe en Inde à la tête de son armée, il est sublimé par les paysages et la culture des Hommes qui s’y sont sédentarisés. Lui, si habitué aux déserts mésopotamien et égyptien qu’il a parcouru durant de nombreux millénaires, est époustouflé par les centaines de kilomètres de forêt luxuriante et par cette terre où « la pluie ne s’arrête jamais ». Il prend ses quartiers dans la région de Rajputana, où les Hommes le baptisent « Vishnu », le Protecteur. On lui raconte que Kali a fait du Bengale un des royaumes les plus riches et les plus puissants du monde.

– Bien décidé à effacer la souillure de la démone, il envahit le Bengale et met le siège devant Kalikata, « la ville de Kali », aujourd’hui Calcutta. Le spectacle qui l’attend est entré dans la légende. En haut des murailles de la cité, la princesse démoniaque ordonne à ses gardes d’égorger cent jeunes vierges et de les faire tomber sur les assiégeants. Ces derniers, effrayés et médusés par ce spectacle macabre, se retournent alors et s’enfuient dans un chaos sans nom. Hari, incapable de réorganiser ses troupes, est obligé de battre en retraite.

– Il faut attendre bien des années avant que l’Ange ne réussisse à monter une autre armée assez téméraire pour oser s’avancer devant les portes de l’enfer. Une période durant laquelle la princesse ne cesse de faire l’étalage de sa puissance et de sa cruauté. L’exemple le plus criant est lorsqu’elle réussit à se faufiler en personne dans le camp des Anges, à séduire et partager la couche d’un des lieutenants de Hari, avant de le rendre fou et de lui faire tuer une dizaine de ses frères. Si bien que Hari perd presque espoir et envoie des messagers à Inanna pour annoncer son échec.

– Pourtant, la persévérance des Anges va payer. Inquiet à l’idée de retourner à Uruk défait, Hari se jure de terminer sa mission à tout prix. Il envoie des messagers dans toute l’Inde afin de rallier la confiance de toutes les tribus et cités humaines. Parfois, il se déplace en personne dans des royaumes pourtant tributaires de Kali, afin de leur faire changer de suzerain. Sa stratégie est payante : peu à peu, l’influence de la démone se limite à la seule région du Bengale.

– Hari se décide enfin à lancer l’assaut final. De l’est, il entend des rumeurs désespérantes : une armée de Vampires d’Orient, les Darmah, serait en mouvement pour venir soutenir Kali. Conscient de la nécessité de frapper vite et fort, Hari rassemble une prodigieuse armée d’anges, lycans, mésopotamiens et indiens, et leur fait jurer à tous de ne pas reculer, fusse la mort au bout du chemin.

– La Bataille de Kalikata figure parmi les batailles les plus épiques de l’Âge des Ténèbres. Durant des mois, l’Armée de Hari se heurte aux murailles et aux sorties dévastatrices de l’armée de la princesse des enfers. La férocité des Lycans et la magie des Anges s’opposent à la cruauté et la folie des Démons. La clé de la victoire sera la détermination de Hari, que la défaite horrifie encore plus que la puissance de Kali. Il envoie sans regarder des milliers d’hommes se faire tuer par vagues entières, mais au final, il réussit à percer les défenses maléfiques et à pénétrer dans la cité. Blessée dans son orgueil, Kali refuse que son royaume ne sombre aux mains des Anges. Déployant tout son charisme et sa domination, elle ordonne un ultime bain de sang : le suicide collectif de toute la population. Quand Hari et les siens envahisse enfin la ville, ils sont dévastés par un silence de mort. Le Bengale est tombé.

– Incapable de trouver la princesse elle-même parmi les cadavres encore fumants, le chef de l’armée angélique se lance alors dans une campagne de poursuite qui se transforme vite en un fatiguant cache-cache. L’Inde, le Bhutan et le Népal sont passés au peigne fin. Enfin, c’est au bord du fleuve Indus que Hari retrouve sa némesis, qui tentait de rejoindre le royaume de son père. C’est là qu’elle trouve la mort, son corps englouti par les flots. Elle n’est plus reparue sur Terre depuis ce jour.

– Quand Hari/Vishnu revient triomphant à la cour d’Inanna, les Anges règnent sur l’Egypte, la Mésopotamie, et l’Inde. Un seul territoire leur résiste encore : le royaume d’Enki, le Roi et le plus puissant des Démons, et sa cité de Jéricho, que tous sauf la Séraphine considère imprenable…

Historique [Araninku, la Grande Epopée]



Or donc il advint qu’à la fin du Ve millénaire avant le Christ, le Monde connu s’étendait du nord au sud depuis les contreforts du Caucase jusqu’au Golfe d’Aden où la Mer qu’on appelle aujourd’hui Rouge se jette dans l’Océan. Parmi les Anunnakku, aussi appelés Nephilim et aujourd’hui les Non-Humains, rares étaient alors ceux qui s’étaient installés ailleurs. Les Anges prétendaient avoir parcouru la totalité de la Terre à l’époque d’avant l’Âge des Ténèbres où leur vie était encore nomade et le Monde jeune. Mais ils n’avaient alors bâti aucun comptoir qui n’eût enduré les siècles. Quant aux Humains, ils étaient le plus nombreux et les plus développés là où ils avaient reçu l’éducation des Dieux, et rien n’est resté des autres.

Presque rien n’offusquait alors la puissance des Premiers Nés, les Anges. Après des millénaires de conflits interminables, ils étaient devenus les Protecteurs de l’Egypte (qui s’étendait alors jusqu’à notre actuel Soudan et était moins aride qu’aujourd’hui), de l’Arabie, de la Mésopotamie, de l’Inde, et de la vaste région qui les séparaient et qui vint à être baptisée Perse. La Capitale de ce protectorat magique était Uruk, une des plus vieilles cités de l’Histoire, dont le rayonnement touchait tout le « Pays-d’entre-les-deux-Fleuves-Rois », le Tigre et l’Euphrate. C’est ici que siégeait Inanna fille de Mika’el, aussi appelée Ishtar, la plus belle et la plus terrible créature de tous les Temps, connue plus tard comme la Déesse de l’Amour et de la Guerre, qui inspira l’Aphrodite des Grecs. Pourtant et depuis l’époque de Gilgamesh le Premier Héros, qui avait endossé le titre de Roi d’Uruk en l’absence d’Inanna partie guerroyer, il était de coutume que ce soit un Homme qui dirige la cité sous la simple bénédiction des Anges. Uruk avait de nombreuses villes sous sa juridiction : au sud Eridu, l’ancienne rivale aujourd’hui soumise, à l’est Suse, la Ville-Savoir et au nord Ninive, la plus septentrionale possession du Domaine des Anges. Entre Uruk et Ninive, les ruine de Babylone fumaient toujours, et continuèrent jusqu’au jour où l’Age des Ténèbres prit fin, dit-on.

En Egypte, le fils d’Inanna, Nekhen, aussi appelé Horus, « Le Vengeur de son Père », avait pris le titre de Roi d’Egypte et gouvernait depuis la Mer Méditerranée jusqu’à l’Océan Indien. Il était amené à devenir un des plus grands Anges de l’Histoire de la Terre, même si le destin n’avait alors pas encore frappé à sa porte. Et à sa cour royale, sur l’île de Yebou au milieu du Nil, grandissait le futur de sa race : Izrael, son fils aîné, Capitaine de l’Armée d’Egypte et dont les hauts faits contre Seth traversèrent les Âges ; son fils cadet Jael, un des Anges les plus Sages de son temps, qui avait à ses côtés son propre fils Lerida, encore jeune mais déjà clairvoyant. Mais un autre Pouvoir irradiait plus que tout à Yebou : l’Oracle, le Diseur de Vérité, le Devin des Puissants. Le Seul Être sur Terre doué du pouvoir de voir le passé, le présent et le futur pareillement. Des quatre coins du Monde connu, tous se battaient pour avoir l’honneur de le voir et ainsi découvrir son Destin. Mais avant d’être un homme, l’Oracle était un esclave, et Horus veillait à sa sûreté.

Ainsi prospérait le territoire des Anges. Et c’est alors que presque tous semblaient avoir oublié la Grande Guerre et que la paix était devenue banale, que le Mal reparut. Car Enki, Premier Roi des Démons, ourdissait sa revanche. La mort de sa fille Kali des mains des Anges l’avait d’abord plongé dans un profond désarroi avant de réveiller en lui une haine millénaire. Et son inactivité apparente cachait en réalité une longue préparation en vue de lancer l’ultime assaut sur le Monde des Anges et réclamer son dû. Car il ne se souvenait que trop bien de la trahison d’Inanna qui, bien longtemps avant, à l’aube des Jours, avait abusé de son hospitalité et de sa trêve pour voler les clés de son royaume et l’humilier.

Le territoire d’Enki dépassait depuis longtemps les murailles de Jéricho, sa capitale et refuge. Toute la région qu’on appelle aujourd’hui Judée était sous son emprise, et aucun Ange n’avait encore osé s’y attaquer. On l’appelait Ninenki, la terre d’Enki, et c’était un endroit de désolation et de luxe mêlés. Les Démons avaient fait des Humains leurs esclaves et leurs pantins, vivant au milieu de l’argent et de l’or, violant et tuant à leur guise. Mais le pouvoir des Démons n’exigeait nulle épée ni arc : leur seule présence suffisait à charmer et convertir les Humains à leur culte et à l’obéissance. Ainsi, et bien plus encore que les Anges, les Démons étaient des Dieux vivants, adulés par des foules immenses et courbées. Et plus encore que des charmeurs, les Démons étaient des bâtisseurs. Ils apportèrent à l’Humanité de nombreuses offrandes : l’écriture, le chant, la vigne (qu’ils inventèrent sur les terres fertiles de Palestine) et surtout l’art de la guerre. Si bien qu’à la fin du Ve millénaire, Ninenki était un royaume très puissant, dont l’influence s’étendait au sud sur l’Arabie et au Nord au-delà même du Caucase et de l’Anatolie, en Europe.

Ainsi donc Enki décida de porter le premier coup. Il envoya son fils Livyatan, qui était sûrement l’un des plus grands guerriers de l’époque, à la tête d’une prodigieuse armée, attaquer le Sinaï afin de couper l’Empire des Anges en deux. En effet, le royaume de Mésopotamie et d’Egypte n’étaient reliés que par une étroite bande de terre entre le golfe de Suez et le golfe d’Akaba, et on appelait cette région « le Pays de la Frontière », car rien n’y poussait et personne ne l’avait jamais revendiquée. L’objectif d’Enki était non seulement d’empêcher la mère et le fils de préparer une défense commune, mais aussi de provoquer leur orgueil afin qu’ils viennent attaquer Ninenki dans le désordre. Livyatan occupa donc ce pays, et il faisait profil bas, car les montagnes faisaient encore écho du cri des milliers d’hommes et nephilim qui étaient morts là mille ans auparavant lors de la Bataille du Sinaï.

Lorsque la Grande Inanna, Reine du Monde connue, sût que les Démons avaient lancé leur attaque, elle sut que la Fin de la Grande Guerre était proche et que leurs destins se joueraient bientôt. Elle convoqua alors le Grand Conseil d’Uruk, et tous vinrent. Etait présent Hari, aussi appelé Vishnu, celui-là même qui avait défait Kali et repris l’Inde et qui connaissait fort bien les Démons. Etaient également présents Jael et son fils Lerida, enfants d’Horus, qui étaient alors en voyage en Mésopotamie. Enfin, il y avait encore bien d’autres Anges renommés, comme Ningirsu, Prince de Girsu, ou Qattara, prince de Ninive. Et parlait également Hegal, petit-fils du légendaire Gilgamesh, et roi des hommes d’Uruk. Au Grand Conseil d’Uruk, il fut décidé que l’Armée d’Inanna serait levée sur le chant et prendrait la route de Ninenki, pour faire l’ultime guerre aux Démons. La Séraphine comptait aveuglément sur l’audace de son fils Horus pour défaire le blocus de Livyatan et venir ensuite lui prêter assistance pour le siège de Jéricho. Le pari était osé, mais nécessaire. Ainsi partit l’Armée de la Reine, et elle comptait des milliers d’Anges et plusieurs dizaines de milliers d’Humains. Un détachement d’éclaireurs fut également envoyé au Pays des Arbres, le futur Liban, pour demander aux féroces Lycans de la meute du Grand Lycaon de venir honorer l’alliance millénaire qui les liaient aux Anges et qui les avaient vu, ensemble, mettre à bas Babylone et Kalikuta. Et les Lycans vinrent.


Ainsi commença l’Araninku, la Grande Epopée, la Fin de la Grande Guerre, qui allait durer près de deux cents ans et voir s’affronter les armées d’Inanna aux armées d’Enki, les deux cousins ennemis depuis le début des Jours. Il n’existe nul récit qui narre dans le détail toutes les batailles et tous les exploits de cette époque, mais le présent texte en racontera les plus notables.

Tandis que l’Armée de la Reine marchait dans les terres arides qui séparent le Pays-d’entre-les-deux-Fleuves-Rois et le pays de Ninenki, le Roi des Démons souriait en préparant sa défense. Jusqu’à présent, son plan marchait à merveille : ténébreux mais sage, il se savait à l’abri dans ses cavernes luxueuses de Jéricho, et espérait voir les Anges se briser sur ses remparts. Mais plus que tout, il craignait les Lycans, dont les hommes à son service avaient une peur bleue malgré ses enchantements. Et ainsi décida-t-il de ralentir la progression de l’armée ennemie afin de s’assurer la réussite de son plan. Paymon fils de Livyatan, son petit-fils, fut alors envoyé avec la mission de fortifier la Montagne Nebo, un puissant promontoire dominant la route que l’ennemi ne pouvait qu’emprunter, près du gué du Jourdain. Et lorsque l’Armée d’Inanna arriva de l’est, lumineuse comme le Soleil, elle fut surprise par une pluie de flèches d’argent décochées depuis la forteresse de Paymon, et dut en effet reculer, car l’argent transformait les Lycans en de simples hommes et femmes.

Mais Enki sous-estimait la force qui s’avançait devant lui. Car les pertes d’Inanna ne furent pas si graves, et l’assaut reprit quelques années après avec encore plus de vigueur. Et malgré le continuel renfort de troupes envoyées depuis la Judée en renfort de Paymon, la forteresse du Mont Nebo finit par être entièrement assiégée, et une grande partie de l’armée des Démons fut ainsi piégée. Mais les hommes à leur service se battaient avec passion et rage, car ils étaient sous l’enchantement démoniaque de la Fascination, et le siège dura ainsi près de vingt ans. Et lorsque tout espoir fut perdu, Paymon fit ouvrir les portes de sa forteresse et sonner la charge. La contre-attaque était suicidaire, mais ne visait qu’à permettre au Sous-Prince Infernal de quitter le siège et s’enfuir. La Bataille de Nebo fut terrible et sanglante, et lorsque Paymon, au prix d’un terrible tribu, réussit enfin à s’enfuir à cheval et rejoindre le gué du Jourdain, toute son armée était décimée. On raconte qu’il croisa pour la première fois le fer avec Lerida, fils de Jael, fils de Nekhen, qui commandait une des compagnies de l’armée d’Inanna. Ils étaient alors tous les deux jeunes et n’imaginaient pas que leur destin les ferait se rencontrer bien des fois encore.

Ainsi donc les Démons furent refoulés à l’ouest du Jourdain et les Anges gagnèrent la première bataille de L’Araninku, la Grande Epopée. Mais Enki était loin d’avoir abattu toutes ses cartes. Depuis des années déjà, et plus encore durant toute la durée du siège de Nebo, il réfléchissait à un moyen de gêner les Anges et les contraindre à attaquer à un seul endroit, par le gué du Jourdain, puissamment défendu, au lieu de devoir se battre sur un front de plusieurs centaines de kilomètres. Et dans son esprit maléfique germa une des idées les plus ingénieuses et les plus originales. Il ordonna qu’on construise à Zoar, loin en aval du fleuve Jourdain, un immense barrage de bois et de pierres. Le chantier dura longtemps, et aucun des esclaves qui s’y affairèrent ne savaient vraiment quel était le but de leur labeur. Et lorsque le grand barrage fut terminé et assez résistant pour soutenir le cours puissant du Jourdain, il fut fermé. Et alors tous purent saisir toute l’intelligence d’Enki : les eaux du fleuve, bloquées à Zoar, finirent par former un lac qui grandissait d’année en année. Et lorsque les Anges quittèrent victorieux le siège de Nebo, ils furent surpris et inquiets de trouver sur leur route une Mer Intérieure s’étendant sur des kilomètres et à perte de vue. Cette défense naturelle valait pour Enki toutes les murailles du monde.

C’est alors que vinrent des nouvelles d’Horus et de l’Armée d’Egypte. Quelques messagers avaient réussi à passer discrètement le blocus de Livyatan par le Sud et rejoindre le camp d’Inanna installé sur les rives orientales du lac nouvellement formé. Les nouvelles n’étaient pas bonnes : bien fortifiée dans le Sinaï, l’armée du Prince démoniaque tenait tête au Roi d’Egypte, empêchant tout secours de ce côté. On dit qu’Inanna hésita alors à continuer l’offensive. Elle connaissait très bien la qualité des défenses de Jéricho, la ville que tous sauf elle réputaient imprenable. Et alors le messager lui chuchota une autre nouvelle à l’oreille, et à elle seule : il lui dit que l’Oracle de Yebou avait prédit une victoire des Anges, et qu’il ne fallait pas désespérer. Alors elle retrouva l’Espoir et ordonna à son armée de quitter le camp. Ils n’avaient désormais plus qu’une seule alternative : contourner le lac maléfique, forcer les défenses du Gué du Jourdain, mettre le siège devant Jéricho, et défier l’intelligence d’Enki.

Et alors les Démons purent sentir qu’ils étaient bien seuls en ce Monde. Car même si tous, et Enki le premier, avait une foi aveugle en Jéricho et ses défenses, une aide extérieure fut-elle minime aurait sans doute garanti leur suprématie. Mais, trop orgueilleux et confiants en leur seule puissance, ils avaient trop longtemps dédaigné les autres races qui auraient pu leur venir en aide, comme les Vampires. Mais certains disent que la ruine des Démons, si elle fut grande, fut honorable, car ils se battirent seuls, et avec audace, face à l’union des Anges, des Lycans et des Hommes de l’Est.

Lorsqu’un deuxième hiver eut éprouvé cette région aride, Inanna profita du printemps pour attaquer le Gué du Jourdain. Enki y avait construit là de nombreuses tours de défense et la garnison d’hommes y était importante. Parce que c’était la dernière ligne de défense avant les remparts de Jéricho, situés à seulement une journée de chevauchée, cette bataille fut décisive, et les Démons ne doutèrent pas tant qu’ils restèrent maîtres du Gué. Il n’existait pour les Anges aucun autre moyen de traverser le fleuve, car à cette époque ancienne, les charpentiers ne connaissaient pas encore bien la construction de navires, si ce n’est des barques légères. Et au sud, le Lac né des maléfices d’Enki faisait peur même aux plus braves, et personne n’aurait osé le traverser.

Certains disent que l’erreur d’Enki fut de ne pas se rendre lui-même à la Bataille du Gué du Jourdain, tout comme par le passé, Inanna devant le Premier Siège de Babylone. Il confia encore une fois la garde du fleuve à Paymon, qui en retira sa notoriété. Les Démons y tinrent en respect les Anges pendant de longues années, n’hésitant pas à sacrifier des milliers d’humains, soldats ou civils, pour empêcher les chevaux ennemis de sortir des flots où ils étaient plus à l’aise. Et on dit qu’aucun autre cours d’eau ne fut autant souillé de sang que celui du Jourdain, rouge sous le Soleil. Et les cadavres des Anges, des Lycans, des Démons et des Hommes dérivèrent jusqu’à la Mer Intérieure qui fut désormais connue sous le nom de Mer Morte.

Et c’est à la Bataille du Gué du Jourdain que s’illustrèrent le plus grand nombre de héros dignes des légendes. On retiendra notamment Hegal, petit-fils de Gilgamesh, qui malgré sa condition de simple Humain déjoua l’enchantement des Démons et en fit tomber plus d’un. Ou encore Hari, fils de Rafa’el, Cousin d’Inanna et Grand parmi les Anges, qui eut l’idée d’utiliser le pouvoir de Lumière pour faire évaporer les eaux du Gué et faciliter le passage des troupes. Et enfin faut-il citer Qattara, Prince de Ninive-la-Belle, qui mena l’assaut final sur les deux plus grandes tours gardant l’accès au Gué et d’où les flèches noires des Démons ne cessaient de harceler l’Armée des Anges et des Lycans ?

Quand enfin tomba le Gué, Enki trembla pour la première fois et fit envoyer un messager à son fils Livyatan pour lui dire de revenir à Jéricho et de ne laisser derrière lui qu’une petite troupe afin de tenir le plus longtemps possible le blocus et empêcher Horus de rejoindre la guerre. Le Roi des Démons savait que l’Armée d’Egypte était de loin la plus puissante des armées des Anges, et il était impératif qu’elle n’arrive jamais devant Jéricho. C’est ainsi que Livyatan revint en secret en Ninenki, à toute allure, afin de secourir son père.

Mais quand Livyatan arriva à Jéricho, à la tête de la puissante Armée du Sud, il trouva Enki déjà assiégé par une impressionnante armada. Menés par Inanna, tous les Anges de Mésopotamie et d’Inde se jetaient corps et âmes contre les remparts noirs de Jéricho. Et face à lui, l’empêchant de rejoindre les assiégés et ses frères, il tomba nez à nez avec la meute de Lycaon, le Premier d’entre les Lycans, dit-on, et le plus féroce de sa race. Ainsi commença la Dernière Grande Bataille de l’Âge des Ténèbres, et sinon la plus terrible, au moins la plus fameuse. De tout l’Araninku, elle fut l’épisode le plus long et le plus éprouvant, comme l’illustre cette anecdote consignée en sumérien par la Maison de Hegal : « tant d’hommes tombèrent ou moururent de vieillesse devant les murs de Nar-enki, Jéricho la Noire, que nous fûmes bienheureux d’avoir apporté avec nous nos femmes. Car tandis que d’autres mouraient, d’autres naissaient, et grandissaient l’épée à la main. Et lorsque la bataille s’acheva, trois générations s’étaient relayées avec la même obsession : renverser le Démon et purifier la terre de nos ancêtres ».

Il est impossible de raconter si brièvement tout le déroulement de la Bataille des Héros, mais des hauts faits d’armes sont restés gravés dans les mémoires des Anges et des Démons. Ou comment périrent Hegal et son fils Baragesi, l’épée rougie à la main, en tentant de gravir à main nue les remparts de Jéricho. Comment Jael fils d’Horus conçut des boules de lumière vive et son fils Lerida de géantes catapultes pour les envoyer se fracasser contre les Murs. Ou encore le duel à mort entre Lycaon et Livyatan, durant lequel le fils d’Enki acquis sa renommée pour avoir été le seul Non-Humain à tuer un Lycan, et le plus illustre de surcroît, au corps à corps. On raconte qu’il brandit alors l’étendard rouge de l’Héritier d’Enki, et que les assiégés reprirent courage.

Le prix de la victoire fut lourd, mais enfin l’Armée de la Reine réussit à percer les Remparts de Jéricho. Mais là encore, la Bataille n’était pas terminée, car la cité s’étendait sur bien des lieues en profondeur, et la Salle du Roi était au plus profond des cavernes. Inanna confia à Jael et son fils Lerida le commandement des troupes en surface, et c’est avec une poignée des plus vaillants qu’elle entreprit la descente vers son destin. Et lorsqu’elle s’avança enfin devant Enki, seuls Qattara, Prince de Ninive, et Vishnu, son cousin, étaient à ses côtés. Et le Roi des Démons ne riait plus, mais son visage était tordu par un rictus mauvais.

Et c’est là, dans les profondeurs de la Terre, si profond que certains se seraient crus en Enfer, qu’eut lié le Dernier Duel. Car Qattara et Vishnu, malgré leur puissance, furent vite mis à bas, et seuls se firent face Enki et Inanna, les cousins ennemis, qui s’étaient jurés une haine éternelle quatre millénaires auparavant. Et les légendes disent que le duel dura sept jours et sept nuits, et que l’écho de leur combat résonna à travers les cavernes jusqu’à la surface, où la bataille cessa, comme suspendue, attendant la nouvelle du vainqueur. Sur les visages des combattants fatigués par des années de combat sans pause, se lisaient lassitude et faiblesse, et tous s’accordèrent pour donner la Victoire au camp du duelliste survivant.

Mais le Destin réservait une amère surprise aux Anunnakku, les Premiers Non-Humains de l’Histoire. Car dans les tréfonds de Jéricho, nulle Lumière ne permit à Inanna la Belle de prendre le dessus, ni nulle obscurité ne permit à Enki de corrompre l’esprit de son adversaire, et lorsque l’aube du huitième jour s’installa sur le Monde, les deux Ennemis jurés tombèrent en même temps, face à face, sur le sol dévasté de la Salle du Roi. Et le silence remplit les lieux et les cœurs des combattants. Inanna, fille de Mika’el, et Enki, fils de Satan’el, s’étaient entretués sans qu’un vainqueur n’en ressorte. Et le destin des Anges et des Démons n’en fut donc pas scellé, et ils furent condamnés à s’affronter jusqu’à la Fin des Temps sans qu’un vainqueur ne l’emporte jamais.

Lorsque la mort du Roi et de la Séraphine fut confirmé aux Armées qui, dehors, attendaient leur verdict comme des condamnés à mort, la Bataille fut interrompue car la peine était trop forte dans les deux camps pour continuer. Et Livyatan porta le deuil de son père et roi, entouré des siens. Et Jael et Lerida portèrent le deuil de leur grand-mère et reine. Et les Lycans portèrent le deuil de leur chef. Et ainsi se termina la Dernière Bataille de l’Âge des Ténèbres. Et ainsi se termina l’Araninku, la Grande Epopée. Et jamais plus depuis n’a-t-on vu pareils héros ni pareilles batailles sous le Soleil que Dieu a fait.

Lorsque les messagers vinrent, le visage mouillé par les larmes, apporter à Horus la nouvelle de la mort de sa mère, on dit que le Grand Roi d’Egypte fut le seul parmi les Anges à ne pas pleurer. Il regarda simplement le Ciel, et dans une prière muette, fit ses adieux à Inanna, Ishtar, la Plus Belle créature que le Monde ai jamais enfanté, Grande Reine du Monde connu et Séraphine des Premiers Nés. Et on dit que Dieu en personne lui apparut pour lui confier le titre de Séraphin, et qu’Horus rencontra alors son Destin.

Après-propos (Appendice à l’Araninku)



Après la Dernière Bataille, le monde entra dans une période de paix relative. La plupart des royaumes du monde, sauf l’Egypte, étaient ressortis fragilisés par les conflits, et en premier celui des Démons, qu’on cessa d’appeler Ninenki, et qui devint pour longtemps une terre oubliée et vide de toute population. Les Démons survivants, menés par Livyatan et son fils Paymon, quittèrent la terre de leur père tombé, et passèrent en Anatolie, actuelle Turquie, où ils s’établirent quelque temps. Mais les Anges aussi payèrent un lourd tribu : la mort d’Inanna, Vishnu, Qattara et de nombreux autres braves plongea la Mésopotamie dans une torpeur dont elle mit du temps à se relever, sous les ordres d’un des derniers princes survivants, Ningirsu. Quant aux Lycans, la mort de Lycaon provoqua la fin de la Première Alliance entre les Anges et les Lycans, et ces derniers retournèrent à leur vie nomade dans le Pays des Arbres.

Pourtant, les récentes batailles avaient laissé l’Egypte inviolée, et son Roi Horus, devenu Séraphin des Anges, n’avait en rien perdu de son pouvoir. S’il n’osa pas prendre à la suite de sa mère le titre de Roi du Monde, titre qui sombra dans l’oubli, il n’en demeura pas moins le souverain le plus puissant de la Terre. Le retour de son fils Jael et de ceux de sa Maison fut célébré avec une joie retenue, car parmi tous les anges ceux-là étaient le plus endeuillés par la fin d’Inanna, car ils avaient combattu jusqu’à la fin à ses côtés. Horus, car c’est ainsi qu’on l’appela toujours et non plus Nekhen, renoua le contact avec Ningirsu et la Mésopotamie, et Uruk devint ainsi vassale de Yebou et de l’Egypte, qui devint jusqu’à la fin de l’Âge des Ténèbres le centre du monde. Quant à l’Inde, la mort de Vishnu avait signé sa perte, car plus aucun ange n’eut le courage de retraverser les grandes étendues de la Perse pour y revendiquer le titre de Prince, et ce grand pays fut abandonné.

Et ainsi se déroula tranquillement la fin de l’Âge des Ténèbres. Tous les Anunnakku pouvaient sentir que l’Histoire approchait d’un tournant, car leurs cœurs se ternissaient, tandis que ceux des Humains se faisaient de plus en plus indépendants de leur volonté.

Historique [Antiquité]

Sommaire

– 
I/ Antiquité archaïque
– 
II/ Antiquité classique

L’Antiquité, qui commence après le Sommet des Dieux, est un âge de profonde mutation pour les Non-Humains, à mesure que les siècles les transforment progressivement en Dieux inacessibles et mythologiques. C’est le début de l’Histoire, au centre duquel l’acteur principal sera désormais l’Humanité. La fin de la grande guerre laisse désormais la place à une guerre secrète, où chaque faction se fait le protecteur (manipulateur ?) d’une civilisation, provoquant son apogée… et très souvent sa chute.


-3300 : L’Egypte et la Mésopotamie sont les premières grandes civilisations de l’Histoire, dont le rayonnement est mondial. Les Anges sont les plus proches conseillers du roi Narmer, puis des Pharaons.

-3000 : Les Cananéens (qu’on appelera également plus tard Phéniciens) conquièrent la Palestine. Leurs dirigeants sont tombés sous la fascination des Démons, et Livyatan y est adoré comme le dieu Baal. La ville de Jéricho, ancienne capitale de Ninenki, est reconstruite. La région sera continuellement contestée par les Cananéens et les Egyptiens, et dans l’ombre par les Démons et les Anges. Les Lycans, qui vivent en meute dans les forêts de l’actuel Liban, font régulièrement des raids meurtriers sur les cités cananéennes.

-1800 : Les invasions égyptiennes en Canaan deviennent routinières. Les cités de Sodome et Ghomorre sont passées par le feu par les Anges. Durant leurs excursions, les Anges deviennent les protecteurs des Hébreux, une population sédentarisée en Palestine et rivale des Cananéens.

-1500 : En Mésopotamie, la faction vampirique des Kanes parle à l’oreille de tous les puissants rois de cette région fertile. Babylone est reconstruite. Bientôt, même Uruk lui paie tribut.

-1300 : Le Séraphin Horus révèle aux Hébreux que Dieu a fait de la Palestine leur « Terre Promise », usurpée par les Cananéens.

– 1270 : Les Hébreux, menés par Josué, fils de Moïse, attaquent les Cananéens et mettent le siège devant Jéricho. Après sept jours de prière, Josué constate que les murailles sont en feu, détruites par les Anges. La cité tombe peu de temps après. Sur les conseils du Séraphin, inspiré par Dieu, l’ordre est donné de raser entièrement la ville et de massacrer toute sa population. Les Démons, défaits pour de bon dans la région, se retranchent en Anatolie (actuelle Turquie) et à Carthage, colonie fondée par les Phéniciens sur la côte africaine et qui aura son heure de gloire.

« Ce n’est pas à cause de ta justice, ni à cause de la droiture de ton cœur, que tu entres, pour en prendre possession, dans leur pays ; c’est vraiment à cause de la méchanceté de ces nations que Jéhovah, ton Dieu, les expulse de devant toi, et afin de réaliser la parole de Jéhovah. »— Ancien Testament, Deutéronome 9:5.


Josué constatant la destruction “miraculeuse” des murs de Jéricho.



-1045 : En Chine, la dynastie Zhou, protégée par les Anges, renverse la dynastie Chang (ou Shang) que les Vampires Darmah avaient infiltré depuis près de mille ans. Le Roi se fait alors appelé tianzi (le “fils du Ciel”).

-1000 : Les Anges font construire le premier Temple de Jérusalem en l’honneur de Dieu. La cité devient le centre névralgique des Premiers Nés pour de nombreux siècles, à mesure que s’éteint la puissance de l’empire égyptien sous le coup des invasions étrangères (Peuples de la Mer, Lybiens, Sethites, …). Les Hébreux sont la première civilisation monothéiste de l’Histoire.

-586 : Les Babyloniens, au sommet de leur puissance (avec la construction des fameux Jardins de Babylone) envahissent la Palestine. Les Vampires, soucieux de contester la puissance des Anges, mettent à sac Jérusalem et détruisent le premier Temple, qui sera reconstruit. De nombreux Hébreux sont réduits en esclavage et seront étreints par les Vampires. Les Kanes ne cachent pas leur volonté d’envahir l’Egypte, avec l’aide de leurs frères Sethites installés en Lybie.

-552 : En Perse, le roi Cyrus termine d’unifier le pays en un Empire puissant. Conscient qu’il pourrait s’agir d’un allié de poids, le Séraphin Horus fait le déplacement en personne afin de persuader Cyrus d’attaquer l’empire babylonien.

-539 : L’Empire perse attaque l’empire babylonien. Isolée, Babylone est mise à sac. Les Kanes connaissent un exode massif. Si certains rejoignent les Darmah et les Sethites, d’autres rejoignent la Grèce, Carthage, et Rome, les trois régions amenées à dominer le monde dans les siècles à venir…

[…]



-500 : L’Empire Perse est à son apogée. Soutenu dans l’ombre par les Anges, il a réduit en miettes la légendaire Babylone, qui abritait de nombreux Vampires. Pire, il en a fait sa capitale. Mais il ne s’est pas arrêté là : le territoire perse s’étend désormais de l’Inde à la Méditerranée. Plus loin en Orient, la Chine est également sous l’influence des Premiers-Nés. Leur suprématie est totale. Les Vampires Kanes, désunis, se transforment alors en une diaspora apatride, qui, sans le savoir, préfigurera l’implantation profonde et hétérogène des Vampires dans la société humaine que l’on connaît aujourd’hui. La majorité d’entre eux s’installe en Grèce, et notamment à Athènes et Sparte. D’autres font le choix d’un voyage plus long vers Rome, qui n’est pas encore l’empire qu’il sera des siècles plus tard. Les derniers, enfin, rejoignent leurs frères Sethites en Lybie, où la Reine Khélia fourbit sa vengeance contre Horus. Les Démons, et leur roi Livyatan, se remettent quant à eux de leurs défaites depuis Carthage, l’ancienne colonie phénicienne fondée sur la côte africaine après la défaite humiliante de Jéricho, et amenée à avoir son heure de gloire.

-499 : L’Empire perse du Grand Roi Xerxès envahit la Grèce. Les Anges, qui voient là l’occasion d’en finir pour de bon avec la menace des Vampires qui s’y sont réfugiés, soutiennent l’invasion. Personne ne doute alors de l’issue de la guerre. Les cités grecques n’ont en effet jamais connu l’unité, et l’armée perse n’a jamais connu la défaite.


La Bataille des Thermopyles



-480 : Bataille des Thermopyles : environ cinq cent mille Perses et une dizaine d’Anges déguisés en officiers, dont Horus et son fils Izrael en personne, tentent de passer le défilé des Thermopyles, qui ouvre le chemin vers Athènes. Face à eux, à peine mille Grecs défendent désespérément l’étroite bande de terre. Lorsque l’armée perse attaque, quasiment tous fuient devant elle sauf trois cent Spartiates, commandés par le légendaire roi Léonidas. Malgré leur supériorité, Horus exprime ses doutes dans la tente des officiers : il craint, à raison, que la bataille dure jusqu’à la nuit, et il sait que dans les rangs grecs se cachent sûrement des Vampires. Le Roi Xerxès, sans écouter son précieux conseil, envoie l’intégralité de son armée à travers le défilé. Toute la journée, les Perses se heurtent à une farouche résistance et, lorsque la nuit pointe, ils sont pris à revers par une centaine de Vampires, commandés par le Kane Ephialtès. Horus, aux avant-postes, est coupé de son fils et du reste de l’armée. Diminué par les ténèbres, et malgré une résistance héroïque, il est harcelé par les Vampires et finalement tué par leur chef Ephialtès. Lorsque le jour se lève, les Perses reprennent enfin le dessus et massacrent les Spartiates. Mais le prix à payer est très lourd : le tiers de l’armée perse est tombé au combat, et Izrael ramasse en pleurs le corps sans vie de son père. Horus ne reviendra plus jamais sur Terre.

« Je maudis ce jour où les Hommes n’ont pas écouté la Voix de Dieu. Je maudits l’orgueil et l’avarice qui ont conduit à notre désastre. Nous pourrions pu être en train de purifier le Monde du Mal qui le ronge. En lieu et place de quoi, nous enterrons un Saint. Qu’il siège Haut, auprès de Mika’el et Inanna, devant le Jugement du Seigneur ».
– Izrael, Séraphin des Anges, à son fils Ishamael.



-479 : Tandis que les Spartiates résistent aux Thermopyles, les Vampires organisent en arrière l’alliance des cités grecques, jusque-là divisées. Ce n’est donc plus quelques armées éparses qui s’avancent pour repousser l’envahisseur, mais une véritable armée grecque unie et galvanisée par l’héroïsme de Léonidas. Fragilisés et loin de leurs bases arrières, les Perses sont écrasés consécutivement aux batailles de Salamine et Platées. L’Empire perse, que tous pensaient invincible, a perdu. Izrael retourne sans fierté à Jérusalem, où il devient le nouveau Séraphin des Anges. Ephialtès, le tombeur d’Horus, est reconnu par tous comme le chef du clan Kane.

-461 : A l’issue de la guerre, deux partis politiques s’opposent désormais à Athènes : le parti aristocratique, dirigé par Cimon, grand héros de la guerre, et le parti démocratique, dirigé par Périclès. En coulisse, la cité athénienne est en réalité le lieu d’un conflit d’intérêt entre les Vampires, qui soutiennent Cimon, et les Esprits, qui manipulent secrètement Périclès. Le Vampire Ephialtès souhaite unifier Athènes et Sparte, dans lesquelles sa race est très bien implantée. Les Esprits, menés par le Roi Ascal, souhaitent en revanche éviter l’union des deux cités rivales, afin d’éviter la constitution d’un « empire vampire » incontrôlable. La lutte politique est d’une rare intensité, et débouche finalement sur la défaite du parti des Vampires : Périclès, le pantin des Esprits – et par ailleurs, un homme d’une grande intelligence, triomphe aux élections. La plupart des vampires athéniens fuient vers Sparte, dont Ephialtès. Sous l’influence des Esprits, Athènes connaît un bref âge d’or : elle héberge des penseurs aussi célèbres que Socrate et Platon, et voit la construction du Parthénon.

-453 : En Chine, après cinq siècles de domination des Anges, la rumeur de la défaite d’Horus arrive enfin. Difficile à croire, les rumeurs sont bientôt confirmées : le légendaire Séraphin est bien mort. Les Vampires Darmah en profitent pour renverser la fragile dynastie Zhou, pantin des Anges depuis la fin de la dynastie Chang. S’ensuit une période trouble de plus de deux siècles, appelée période des Royaumes Combattants. Sept royaumes indépendants, manipulés tantôt par les Anges et tantôt par les Vampires, se livrent une guerre sans merci pour le contrôle de la Chine. Le Vampire Chang (fondateur légendaire des Darmah) et l’Ange Ningirsu (fidèle servant d’Horus, présent au Sommet des Dieux) s’entretuent lors d’un duel à mort mémorable.

-450 : Carthage est à l’apogée de son influence, et devient l’une des cités les plus florissantes du monde antique. Leurs dirigeants, dominés par les Démons, étendent leur empire sur toute la côte sud de la Méditerranée, ainsi que le sud de l’Espagne, la Sicile, la Sardaigne et la Corse. Maîtres dans le commerce et la navigation, les Carthaginois sont également craints pour leurs armées montées d’éléphants de guerre, qui prouveront leur valeur plus tard. Livyatan, le Roi des Démons, rencontre Khélia, la Reine des Sethites. Ensemble, ils nouent une alliance stratégique : les Sethites protégeront les Démons des incursions perses et des Anges provenant d’Egypte. En contrepartie, les Démons toléreront que les Sethites enfantent dans l’empire carthaginois – ce qui contribuera à l’expansion de ces derniers.

-431 : Sur l’impulsion d’Ephialtès, chef des Kanes, la guerre ouverte éclate entre Athènes, soutenue par les Esprits, et Sparte, soutenue par les Vampires. Après quarante ans de guerre, l’avantage tourne finalement à Sparte. Les Vampires deviennent les seuls maîtres de la Grèce.

-390 : La cité de Rome, ancienne colonie grecque, commence à rayonner au-delà de ses propres murs, même si son aura ne dépasse encore ni la Grèce ni Carthage. Alertés par la présence de Vampires dans la ville, une tribu de Lycans téméraire attaque sauvagement la cité et la pille, déguisés en guerriers Gaulois.

-338 : Le Vampire Ephialtès, tombeur d’Horus, rêve de reconquérir Babylone, la cité-mère de son clan, usurpée deux siècles plus tôt. Pour y arriver, il met sur pied un projet à priori fou : motiver les Grecs à envahir le grand empire perse. Il sait qu’il peut compter sur un réseau vampirique infiltré dans toutes les cités grecques. Après deux ans d’intenses manipulations, Ephialtès trouve en la personne d’Alexandre, le nouveau roi de Macédoine, au nord de la Grèce, le parfait candidat pour son projet. Jeune, fougueux, et à la tête d’une armée fidèle, il est obsédé à l’idée de conquérir le monde. Les Vampires infiltrent jusqu’à ses plus proches conseillers.


Ephialtès, chef du clan Kane, en tenue de hoplite grec



-336 : L’armée d’Alexandre part pour sa désormais légendaire campagne militaire. En deux ans, il conquiert l’Anatolie sans effort. En -333, il conquiert l’ancien territoire des Démons, la Palestine. Les combats se déroulent de jour comme de nuit, et, les ténèbres tombées, les Vampires se joignent au combat. Les Perses reculent, et reculent encore, sans vraiment contre-attaquer. Surpris par la vitesse des Grecs, le Séraphin Izrael préfère d’abord éviter le conflit et patiente intelligemment à Jérusalem. Il sait que bien des obstacles se dressent encore devant Alexandre, et que l’heure viendra. Pendant ce temps, Ephialtès se rend en personne en Lybie afin de rencontrer Khélia, Reine des Sethites, que d’aucuns considèrent comme la Reine de tous les Vampires. Il la persuade de fomenter une guerre civile en Egypte afin d’offrir le pays sans combat à Alexandre. Khélia voit dans cette proposition l’occasion parfaite de reprendre l’Egypte, son pays natal et le berceau de son clan. A la surprise générale, et dans le plus grand chaos, l’Egypte capitule sur fond de guerre civile devant celui qu’on appelle déjà Alexandre le Grand. Il est couronné Pharaon, fils des Dieux.

« Khélia, ma Reine, ce que je t’offre, ce n’est rien de moins que la terre de ton père, Seth, qui te revient de droit, et que les Premiers-Nés t’ont volée. Avec ton concours, ils connaitront notre vengeance ».
– Ephialtès, chef des Kanes, à Khélia, Reine des Sethites.



-331 : Bataille de Gaugamèles : Touchés dans leur orgueil après la capitulation de l’Egypte, pays dans lequel la plupart d’entre eux ont grandi, les Anges se décident alors à réagir. Izrael, son fils Ishamael et une centaine de Premiers Nés et de Lycans se rendent à Babylone où le roi des Perses Darius III prépare la contre-offensive. Se faisant passer pour des généraux, ils emmènent avec eux une troupe expérimentée de Juifs. C’est donc une armée de près de trois cent mille hommes, Anges et Lycans qui se met en marche afin de contrer l’avancée des Grecs et des Vampires. La bataille a lieu à Gaugamèles, dans le nord de l’actuel Irak, à plusieurs centaines de kilomètres de Babylone. Izrael, conscient que cette bataille scellera l’issue de la guerre, est particulièrement décidé à venger la mort de son père et en finir avec l’arrogance d’Ephialtès et des Vampires. Cette fois, le Roi écoute les conseils du Séraphin : ce dernier choisit avec attention le lieu de la bataille (une vaste plaine), et ordonne à l’armée de ne combattre que durant la journée. Tout est réuni pour que les Perses et les Anges triomphent. Mais encore une fois, le destin leur joue un mauvais tour. Lorsque les Grecs, pourtant nettement dominés numériquement, engagent le combat à l’aube, Izrael constate avec effroi qu’une éclipse totale masque le soleil et ses rayons. Des centaines de Vampires se ruent alors dans la bataille, sans que les Anges aient le temps de signaler la retraite. Déstabilisée, l’armée perse est de surcroît décimée par les attaques de la cavalerie grecque sur ses deux flancs. La bataille se transforme en une terrifiante boucherie à la nuit tombée. A l’aube du deuxième jour, Izrael accepte la défaite et bat en retraite vers Jérusalem, la mort dans l’âme. Alexandre le Grand et les Vampires ont triomphé.

-330 : Alexandre le Grand entre en vainqueur dans Babylone. Le Vampire Ephialtès ne réalise pas encore la portée de cette victoire : Babylone est à nouveau sous l’influence des Vampires, tout comme l’Egypte et la Grèce ; les Anges sont défaits et mettront des siècles à s’en remettre ; et surtout, la victoire de Gaugamèles signe le début d’une ère de suprématie pour les factions maudites par les Anges, qui profiteront, pour près de six siècles, d’une liberté chèrement acquise…

Historique [Chronologie moderne]



2009 : Début du retrait des troupes américaines d’Irak. A l’O.N.U, le président Barack Obama déclare que la guerre en Irak a été un échec stratégique. Au Liban, le Hezbollah prend le pouvoir lors d’un coup de force attendu par tous les observateurs.

2010 : Animée par un plan de sortie de la crise particulièrement efficace, la Chine devient la deuxième puissance économique au monde, sans remise en question de son système politique. Les Etats-Unis, encore premiers, ne sortent pas de la crise financière.

2011 : Troisième crise Russie/Belarus. Conférence de Minsk où l’Union Européenne se montre ferme face à la Russie. Les enjeux pétroliers minent le débat.

2014 : Conférence de Singapour organisée par l’ASEAN, l’Organisation de l’Asie du Sud Est. Les Etats-Unis et l’U.E sont invités en observateurs. On considère cette conférence comme la fin de la prédominance occidentale pour de nombreuses années à venir. Le Brésil, dirigé par un nouveau gouvernement de droite libéral, sort de la crise industrielle et financière.

2015 : L’Egypte, l’un des seuls pays jusqu’alors stables dans la région, est renversé par un surprenant et violent coup d’état terroriste. Le Califat sunnite d’Egypte est proclamé, personne ne se doute alors qu’il va perdurer. « Flambée islamiste » annonce le Times à Londres.

2016 : “La Nuit où la Terre s’arrêta”. Suite à l’explosion dans le ciel de Séoul d’un missile atomique expérimental nord coréen, les Etats-Unis répliquent. En quelques minutes, la totalité de la Corée du Nord et de la frontière mandchoue sont rayées de la carte, signant la première utilisation effective en temps de guerre de l’arme atomique depuis Nagazaki. Après le scandale des “ingénieurs chinois”, les Etats-Unis, le Japon et Taiwan forment une force d’intervention internationale afin de punir la Chine d’avoir, selon eux, aidé la Corée du Nord. Début de la guerre.

2017 : La Colombie s’embrase alors que les USA embourbés dans le conflit asiatique ne peuvent plus financer les bombardements des champs de coca et les déploiements de marines dans la région. Le chef des FARC, au nom du tirofijo (Manuel Marulanda Vélez) mort l’année d’avant, proclame la république de Colombie libre.

2018 : Après deux ans d’un dur conflit qui aura ruiné tous les pays concernés, un traité met fin à la guerre et sépare la Chine en deux : au sud est la Chine nationaliste en théorie gouvernée par Taiwan mais en vérité composée de nombreuses Zones Franches où règne la guerre et le crime, et dans le reste du pays la survivance de la Chine communiste décimée. Pour les Etats-Unis, le conflit a fait figure de « troisième Vietnam » après le Vietnam et l’Irak, et leur manque de popularité s’aditionne à leur déficit monstrueux. Au Mexique, le subcomandante Insurgente Marcos qui lutte depuis 1984 contre le pouvoir de Mexico, déclare l’indépendance du Chiapas au nom des indiens opprimés. Le Mexique réagit fortement sur la scène internationale, sourde, mais ne dispose pas de la capacité de lutter contre une guérilla dans la jungle, et se contente d’un bombardement de principe sur le QG du commandant Marcos.

“La Nuit où la Terre s’Arrêta”, image utilisée pour décrire la nuit de tous les possibles du 15 février 2016 où la Corée du Nord puis les Etats-Unis firent usage de la force nucléaire, et où tous crurent à l’Apocalypse. C’est aussi le jour où fut levé le taboo qui pesait sur l’utilisation de l’arme nucléaire depuis près de soixante dix ans.

2020 : L’affaissement de l’influence des Etats-Unis en Amérique Latine entraine la chute de la plupart des régimes de droite. De nombreux états voient les “rouges” gagner les éléctions. Une réunion des chefs d’état à Brasilia proclame en été L’Union des républiques Sud Américaines Fédérales et Socialistes (URSAFS) au nom de la IVe internationale (connu comme l’internationale sud américaine) et du trotskisme. Le Mexique, l’ancienne Colombie, l’Equateur et surtout l’Argentine restent d’obédience capitaliste, mais soumis à des révoltes locales. Le Chiapas socialiste de Marcos refuse de rejoindre l’URSAFS, craignant de voir emerger un nouvel URSS totalitaire.

2024/2025 : A la fin de l’année, élections présidentielles contestées aux Etats-Unis. Des voies indépendantistes se font entendre dans tous les Etats de l’Union. Le 5 juillet, au lendemain de la fête nationale, le gouverneur de la Californie Nicolas Tangier proclame l’indépendance de son Etat. En Amérique du Sud, une première guerre éclate entre l’Argentine et l’URSAFS, conclue en deux mois par une victoire éclatante de l’Argentine, technologiquement plus avancée. Le traité de Cayenne donne une partie sud du Paraguay à l’Argentine, le Paraguay recevant en compensation un bout du Brésil.

2026 : Le concept des Enclaves uppées, cités idylliques à l’abri des problèmes sociaux et militaires, se répand depuis la Californie dans toute l’Amérique du Nord, au Mexique, en Colombie, Equateur, Argentine, en Afrique médirionale et en Extreme-Orient. L’U.E s’y refuse. En Chine ou en Afrique, le contraste entre les Enclaves et les Zones Franches parfois accolées est criant.

2027 : Les membres de l’UE signent le dernier traité fondateur de la Fédération européenne, le traité d’Athènes, caractérisé par un fort protectionnisme économique, politique et militaire. Peu touché par les évènements récents, la Fédération Européenne devient la première puissance mondiale.

2028 : Début de la libéralisation de l’URSAFS avec la réforme constitionnelle du 11 aout.

2029 : Déclaration d’indépendance du Québec vis-à-vis du Canada. Discours célèbre de Nicolas Tangier sur la nécessité pour la survie de l’Amérique d’un « suicide vital » (pour survivre, les Etats-Unis doivent se désunir). Au Proche-Orient, le Liban chiite et l’Egypte sunite signent une alliance historique (“La Paix dans l’Islam”) avec le Hamas palestinien et profitent des troubles en Occident pour attaquer une Israël esseulée.

2030 : Traité de Trenton qui signe la fin des Etats-Unis tels qu’on les connaissait. L’indépendance de la Californie, des Grands Lacs et des états américains de la Colombie du Nord est reconnue par Washington. L’Alaska se déclare indépendante mais sa légitimité non démocratique (putsch des industriels pétroliers) ne sera jamais reconnue. Début de “l’ère Trenton” aux Etats-Unis, l’ère de paradoxe entre des enclaves ultra riches (Boston Downtown, Miami Beach, Manhattan,…) et villes sacrifiées à la crise et la violence (la gigantesque zone franche Kings, à Brooklyn, devient le symbole de la faillite américaine). Au Chiapas, Marcos meurt, et ses successeurs entament des négociations d’entrée dans l’URSAFS, trahissant le testament du feu commandant.

2031 : Le Hezbollah, le Hamas et le Califat sunite proclament la fin d’Israel : c’est le début de la deuxième diaspora juive. En Afrique, les Tribunaux Islamiques fêtent cet évènement en envahissant Mogadiscio et l’Ethiopie. Tout le Nord de l’Afrique et l’Indonésie musulmane s’embrasent.

2032 : Des chercheurs russes officialisent un rapport qui annonce l’épuisement du pétrole et du gaz russe pour dans dix ans au maximum. L’est du pays, de moins en moins utile, est laissé en friche et l’anarchie s’installe par opposition à l’Etat centralisé à Moscou (qui lui-même perd de la crédibilité internationale). Fred Tangier, le fils du premier président californien, déclare à un sommet industriel organisé à L.A que « si le carburant du passé était nécessairement l’or noir, l’avenir, et même la survie de l’Homme ne résident que dans un nouvel or sans couleur, la technologie. »

2033 : Deux ans après la fin d’Israël, Hamas et Hezbollah s’entendent avec la Syrie et la Jordanie (régimes autoritaires balayés par les pressions islamistes) et ce qui reste de l’Irak pour former la République Islamique, fleuron de l’union musulmane alliée au Califat d’Egypte. Deux mois après, la Fédération Européenne relance le processus d’entrée de la Turquie dans la F.E. La Turquie deviendra effectivement européenne un an plus tard. La Russie se referme de plus en plus sur elle-même.

2034 : Le roi du Maroc Hassan III déclare être « un îlot au milieu d’un océan de fanatisme religieux né de la réalisation du fantasme antisioniste ». La plupart des pays du nord et de l’est de l’Afrique appliquent désormais la Loi Islamique, tantôt au travers de despotismes, tantôt au travers de monarchies, rarement au travers de républiques. L’Arabie Saoudite, qui n’a plus de pétrole, entre en crise, au profit de la République Islamique.

2035 : Rapport public de la Commission Trilatérale sur les premières puisances mondiales : La Fédération Européenne, suivie par l’Inde, la Californie, le Japon, l’Argentine et les Etats-Unis (rabaissés au sixième rang). L’Inde est également le pays le plus peuplé de la planète (la Chine ne s’est pas encore relevé de la guerre et du traumatisme nucléaire). Le premier homme sur Mars est tchèque, symbole de la réussite de la Fédération Européenne.

2036 : Attentat meurtrier au Caire, orchestré par le Mossad, ex-service de renseignement israélien devenu mouvement terroriste. Nouvelle conférence organisée par le golden boy blond à la mode, Fred Tangier, qui déclare sa multinationale Tangiers Industries au service du bien commun de la planète. Il lance la première Intelligence Artificielle de classe 1 (en fait, sous de nombreux dérivés domestiques, industriels ou militaires) et dédiée à la vente. La classe 2 suivra.

2036/2037 : Le Japon, quatrième puissance mondiale, achète de nombreuses îles dans le Pacifique pour presque rien et les transforme en complexes industriels. En Amérique du Sud, l’URSAFS reste une confédération socialiste mais se libéralise de plus en plus.

2038 : Explosion atomique terroriste à San Francisco, zone franche en plein coeur de la Californie. Certains prétendent que l’attentat était orchestré par les autorités californiennes pour “nettoyer” une zone franche à risque, au profit de l’enclave de Los Angeles. Cinq grandes multinationales dont Tangiers Industries et CryoTrust possèdent la moitié du capital mondial à elles seules. 60% de l’énergie de la planète est désormais nucléaire. 30% des armées mondiales sont automatisées grace aux I.A. Les dernières forces publiques quittent la plupart des Zones Franches en Amérique, en Asie et en Afrique.

2039 : L’O.N.U est officiellement dissoute. La Commission Trilatérale devient l’organe de coordination entre l’O.M.C, le F.M.I et les dernières organisations internationales encore établies.


La suite dépendra uniquement de vous…

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